Personne qui s'abstient de s'engager politiquement, de prendre parti ; neutre. Naturalmente, una storia "anomala" », dans Moretti F. (a cura di), Il Romanzo, 3. Synonyme de non … Sur ce point, Sartre entend à nouveau passer en force, en avançant qu’il s’agit pour l’écrivain d’écrire contre ses lecteurs réels, c’est-à-dire, de produire des œuvres qui s’en prennent à eux, minent ou dissolvent leurs valeurs, objectivent leur statut d’oppresseurs pour les conduire à se reconnaître tels. Storia e geografia, Torino, Einaudi, 2002, p. 255-306. Envisagée sous ces deux angles contradictoires, la notion s’apparente un véritable casse-tête théorique qui pourrait décourager tout effort d’analyse et de définition. En somme, le mauvais romancier est celui qui trahit la confiance que lui accorde le lecteur en piégeant sa conscience esthétique et en cherchant à aliéner définitivement la liberté qui est au principe de son engagement dans la lecture. Enfin, plus profondément, n’y a-t-il pas lieu de penser que toute œuvre littéraire est, en dernière instance et à des degrés divers, toujours engagée, au sens où elle propose une certaine vision du monde et qu’elle donne forme et sens au réel ? Content may be subject to copyright. 22 On s’étonnera peut-être de ne pas voir cité André Malraux. WebQu'est-ce que la littérature engagée ? Or, sans l’existence de la recherche fondamentale, personne n’aurait dévalué la recherche appliquée : un jugement … « Classici moderni », 1990. Et notamment dans le roman, traditionnellement défini comme le récit du temps long. L’observation du champ sémantique* du mot enga­gement fait apparaître les sens : combat, affirma­tion des convictions, prises de position. Ce dernier, serait par excellence le public que l’écrivain s’est choisi, l’œuvre littéraire se donnant ici comme un miroir objectivant tendu à ce public (dans le cas de Sartre, il s’agit du prolétariat) : il est donc à la fois le destinataire et la caution de son engagement, même s’il ne l’atteint que dans une très faible mesure (on retrouve là l’idée de Barthes d’un « choix de conscience » plutôt que celui d’une « consommation effective ») ; face à ce public élu, pour lequel l’écrivain engagé écrit, se trouve le public réel, c’est-à-dire précisément celui qui « consomme effectivement ses œuvres » : de celui-là, assimilé par Sartre à la bourgeoisie, l’auteur dira dans Qu’est-ce que la littérature ? Depuis, innombrables sont les écrivains qui ont recouru ou recourent encore à ce type de émarche, grâce à la « littérature engagée » à ce sujet, J. P. Sartre affirme dans Situation II que pour un écrivain, s’engager par la plume est un devoir. 19Le corpus de textes sur lequel nous appuierons notre étude est donc à la fois romanesque, franco-italien et organisé autour de deux pôles historiques, les années de l’immédiat après-guerre et celles qui se situent à la charnière des xxe et xxie siècles. Vérifiez si votre institution a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. Plus révélateur encore, au cours des mêmes débats, les communistes cherchèrent à s’emparer du sujet en transformant la question : dans leur optique, « pour qui écrivez-vous ? Le Sursis [1945], Paris, Gallimard, « Folio », 1972. de l’allemand par J. Clairevoye, Paris, Gallimard, coll. Continue with Recommended Cookies. Ainsi définie, la littérature engagée serait par essence appel à la liberté (le passage de la liberté esthétique à la liberté politique n’étant jamais explicité par Sartre) et instaurerait sur ce point sinon une égalité, du moins une complémentarité entre l’auteur et le lecteur. Mais ils suscitaient aussi bien le rejet de l’avant-garde surréaliste. [dir. La seconde, qu’on nomme souvent « engagement littéraire », tend plutôt à désigner un engagement dans la littérature, qui supposerait d’en reconnaître d’abord et avant tout l’exigence et les valeurs spécifiques, ce qui constituerait pour l’écrivain la condition de tout engagement authentique. une définition circonstanciée qui emprunte très largement aux débats antérieurs et en particulier, tout en la déniant, à la contribution des écrivains rollandistes. 131 : 68-70. ), L’Engagement littéraire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Tel », 1997. Comme l’écrivain, le critique (au sens le plus large du terme) est conduit à se poser la question de son lecteur et l’on peut postuler qu’il s’engage par la conception qu’il se fait de ses rapports avec lui autant et sinon plus que par la substance même de l’interrogation qu’il adresse aux textes ou aux œuvres. à Batti, les Juifs qui célèbrent le Yom Kippour dans un camp de prisonniers. Il obtenait à travers le monde une audience inattendue [...]. « L’acte créateur n’est qu’un moment incomplet et abstrait de la production de l’œuvre » (ibid. Ce terme « d’engagé » ajouté à la littérature et aux écrivains est un peu complexe, parce qu’on peut se demander que serait une littérature qui ne serait pas engagée, que serait un écrivain qui ne serait pas engagé. Paris, Gallimard, « Folio-essais », 1985, p. 128. 14Enfin, les raisons qui ont motivé le choix d’un corpus romanesque pour traiter de la littérature engagée, dont on sait non seulement qu’elle emprunte aux genres et formes les plus divers mais encore qu’elle fut pratiquée, par les auteurs, comme une expérience polygraphique – Sartre et Camus, pour ne citer qu’eux, étaient à la fois romanciers, dramaturges, critiques, essayistes et journalistes – méritent aussi quelques éclaircissements. 17 Denis B., Littérature et engagement…, op. Cela ne nous empêchera pas d’évoquer son influence sur les écrivains du corpus. 7Voir en la littérature engagée une notion historiquement située est sans aucun doute non seulement légitime sur le plan de l’histoire littéraire, mais constitue encore un moyen efficace de la sauver de la confusion ou de l’approximation qui la menace. authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. L’exemple allégué dans Qu'est-ce que la littérature ? Objet littéraire renvoyant à la fois à une pratique d’écriture et à un discours sur la littérature, par ailleurs indéniablement située dans le temps, l’histoire politique, littéraire, culturelle, et conçue par son auteur comme force agissante, l’œuvre engagée doit être saisie dans cette pluralité qui précisément constitue sa spécificité ; ensuite, il convient de réfléchir à l’évolution de ce type d’œuvre, aux formes, aux réalités et aux enjeux qu’il recouvre aujourd’hui. 28 Rolin O., Tigre en papier, Paris, Le Seuil, coll. Le sentiment d’une appar­tenance nationale, la capacité humaine de s’émou- voir poussent à prendre parti et à dénoncer, parce que l’indifférence et le silence deviennent inac­ceptables dans un contexte de guerre civile. WebLa littérature engagée est un prolongement de son activité d'engagement, de son combat philosophique. 2. 19 Bakhtine M., Esthétique et théorie du roman [1975], trad. La poésie utilise enfin des figures expressives : anaphore, répétitions, antithèses, parallélismes, métaphores, comparaisons. Ronsard du côté catholique, … Dorénavant, nous renverrons à cet ouvrage par l’abréviation « S ». Écrivains et critiques oscillent entre une conception de l'œuvre comme fin en soi et un rêve d'efficacité, de prise directe sur le monde. Enfin, Vittorini demeure la figure incontournable de cette période, jouant un rôle de premier plan dans le débat politico-culturel et littéraire de l’époque et c’est à son roman Les Hommes et les autres (Uomini e no27), publié en juin 1945, que nous nous intéresserons. 21Les auteurs italiens du premier pôle – Elio Vittorini (1908-1966), Vasco Pratolini (1913-1991) et Italo Calvino (1923-1985) – sont eux aussi des romanciers reconnus, dont seulement les deux premiers sont ordinairement rangés dans la catégorie des écrivains engagés. 146-169. » devenait « Avec qui êtes-vous ? 18Mais au-delà du lien étroit que le roman semble nouer avec la politique et l’histoire, il est une autre raison qui nous a conduite à privilégier ce genre et qui relève de notre conception de l’engagement comme expression d’un certain rapport de l’homme au temps et à l’histoire. WebPourtant, malgré son caractère insaisissable et protéiforme, la littérature engagée, tour à tour assimilée à une « trahison des clercs1 », à un impératif lancé aux écrivains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis perçue comme une notion « périmée2 », pour ne pas dire honnie, durant les décennies formalistes et structurales, a joué un rôle … Web7 Tout se passe donc comme si la littérature engagée relevait moins du domaine de la littérature, de l’œuvre, que de celui de l’action : doit-on pour autant en déduire, comme le fait A. Makowiak à la fin de son article, que l’expression même d’engagement littéraire est un « néologisme », « un mot qu’on va sortir de son contexte naturel, celui de l’action, de … WebPour Sartre, la littérature ( la prose essentiellement) est une "arme" que l'écrivain doit employer pour,obligatoirement, prendre parti en ce qui concerne les problèmes de son époque.Car en aucun cas il ne peut rester silencieux,ou s'occuper d'autres sujets: le fondateur de l'existentialisme réprouve les écrivains qui ne sont pas intervenus en faveur … Dans les deux cas cependant, on observe un même mouvement, que Denis Hollier à appelé la « dépossession »7 : celui qui conduit l’écrivain engagé, d'antagonismes en conflits successifs, à envisager le sacrifice de son statut distinctif et de l’autorité qu’il lui confère connue la forme ultime de l’engagement. The idea is an application to art of a basic existentialist tenet: that a person defines himself by … Web1 Les écrivains s’engagent traditionnellement sur deux modes : par des prises de position politiques et par les œuvres, les deux n’étant pas exclusifs. Bien qu’il ne soit pas l’unique lieu de l’engagement littéraire, le roman nous intéresse donc en tant que genre fictionnel que la tradition littéraire et critique nous a accoutumés à envisager dans son rapport au politique, à l’histoire et au temps. Dans son sens restreint et historique, l’idée et la notion d’engagement littéraire, on le sait, sont apparues dans l’entre-deux-guerres, au sein d’une fraction du personnel littéraire généralement associée à la figure de Romain Rolland et à la revue Europe (et dans une moindre mesure aux éditions Rieder). Dans la mesure où ses romans, que l’on pourrait sûrement qualifier d’« engagés », ont été écrits et publiés avant-guerre (Les Conquérants, La Condition humaine, L’Espoir), il ne relève pas de notre période d’étude. Les textes analytiques font davantage appel au rai­sonnement. 16Alors, pourquoi le roman ? ; ROGER, Jérôme (dir.). Quoique, en l’espèce, de l’essayiste qui publie un livre à l’enseignant qui s’adresse à une classe, les situations concrètes divergent fortement, la question mérite d’être posée dans sa formulation la plus générale : à qui le critique s’adresse-t-il ? C - 13013 Marseille FranceVous pouvez également nous indiquer à l'aide du formulaire suivant les coordonnées de votre institution ou de votre bibliothèque afin que nous les contactions pour leur suggérer l’achat de ce livre. Elles ont cependant, je crois, le mérite de faire apparaître quelques éléments utiles à la réflexion : en premier lieu, l’engagement, quelles que soient sa forme ou sa nature, s’effectue toujours en référence à un Autre, qui en est à la fois le destinataire, le juge et l’attestation, ce qui revient à dire qu’il n’y a pas d’engagement qui ne pose la question de son public, et la pose dans la différence, la distinction et la séparation. Par ailleurs, ces travaux récents ont fortement contribué à dissiper les malentendus dont la notion fait l’objet et que nous avons cités précédemment : la réduction de l’engagement à l’implication politique et le problème de sa périodisation, ou plus exactement de son oscillation entre historicité et transhistoricité ou anhistoricité. C’est à cette édition que fera désormais référence la pagination. Pour Sartre, la mobilisation de l’écrivain ne doit pas être … En ce sens, il constitue un terreau particulièrement propice à la notion d’engagement dans le contexte de l’après-guerre et semble en outre, peut-être plus qu’un autre, susceptible d’enregistrer et d’exposer sa remise en question, ou sa reformulation, à l’époque contemporaine : la coïncidence, sur le plan chronologique, entre « crise du roman » et « crise de l’engagement » n’est-elle pas, déjà, révélatrice du lien qui unit les deux termes ? L’écrivain le fait par son écriture : adaptant les genres et les styles. © Presses Universitaires de Bordeaux, 2007. Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, Suggérer l'acquisition à votre bibliothèque. Ce faisant, c’est aussi un problème particulièrement irritant qu’il adressera à ceux qui s’élèveront contre sa conception de l’engagement littéraire, question qu’ils ne cesseront de contourner : a-t-on ainsi remarqué que Le Degré zéro de l’écriture, de Barthes s’ouvre et s’achève précisément sur la question du destinataire de l’œuvre littéraire, tout en l’escamotant habilement au profit d’un engagement de la forme ? Puisqu’il s’agit ici d’engagement, osons le mot : ce rapport au destinataire est d’une certaine manière politique au sens fort du terme, puisqu’il met en jeu la question de l’autorité (sur le texte et sur son interprétation), de la délégation de parole (qu’est-ce qui justifie que telle personne soit habilitée à travailler les textes plutôt que d’autres ?) Est-il même légitime de voir en l’écriture une forme d’action ? qu'il n’avait « rien à lui dire ». La lecture littéraire au risque du cinéma, Sociologie de la littérature : la question de l'illégitime, Suggérer l'acquisition à votre bibliothèque. La littérature engagée. La littérature engagée est un phénomène qui n'appartient pas exclusivement à notre temps. Mais la prise de conscience, à la fin du xix e siècle, de la spécificité de la « littérature », en opposition avec le langage utilitaire, va conduire le siècle suivant à des attitudes extrêmes. 7 Denis Hollier, Le s Dépossédés. Études, 2014 (Cairn.info) 2007. Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères. Essentiellement composée d’universitaires, souvent enseignants, et entretenant des liens presque organiques avec les instituteurs de gauche, cette mouvance rollandiste s’est largement préoccupée de l’intégration culturelle des classes populaires, souhaitant à la fois leur faire connaître le patrimoine littéraire commun, tout en favorisant leur accès à l’écriture (ce fut en large part la fonction des éditions Rieder, qui publieront un large contingent d’auteurs issus des classes populaires et/ou des provinces françaises). Il s’agit d’une part de ce que l’on pourrait appeler « l’âge d’or » de l’engagement, durant les premières années de l’après-Seconde Guerre mondiale et, d’autre part, des années qui se situent à la charnière du xxe et du xxie siècle après la chute du mur de Berlin et la prétendue « fin des idéologies ». Dans tous les cas, l’utilisa­tion de l’ironie, est un moyen intéres­sant d’attirer l’attention sur le caractère inacceptable de certaines situations. Cette vaste préoccupation pour le lecteur atteindra son point culminant en 1934 avec la grande enquête intitulée « Pour qui écrivez-vous ? Pourtant, malgré son caractère insaisissable et protéiforme, la littérature engagée, tour à tour assimilée à une « trahison des clercs1 », à un impératif lancé aux écrivains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis perçue comme une notion « périmée2 », pour ne pas dire honnie, durant les décennies formalistes et structurales, a joué un rôle essentiel dans l’histoire littéraire du xxe siècle et continue à alimenter aujourd’hui les discussions. 12Ce lecteur, qui est en réalité un public, dans la mesure où il est pensé en ternies d’appartenance collective et sociale, authentifie en quelque manière l’engagement de l’écrivain, et c’est de sa capacité à l’atteindre concrètement que dépend la réussite de son entreprise. WebAu XVIIe siècle, La Fontaine, sous couvert de fables pour les enfants, critiquait de manière plaisante et piquante la cour ou la société et les comportements humains en général ; le siècle des Lumières a usé encore plus de la diversité des formes littéraires : les contes philosophiques de Voltaire, aussi bien que des pièces comme le Mariage de Figaro de … 1905-2005), janvier 2005, pp. En outre, souligne B. Denis, l’engagement comporte une dimension réflexive essentielle, qui ne consiste pas uniquement à définir la littérature engagée, mais la littérature elle-même : « Ce n’est pas un hasard […] si la réflexion sur l’engagement littéraire s’est souvent développée sur le mode du « qu’est-ce que. Le mélange de fiction et de réa­lité apporte une force supplémentaire en favorisant la concentration d’événements dans le temps. Cette contradiction entre public réel et public virtuel, public de fait et public élu représente pour Sartre la condition de l’écrivain engagé : elle le conduit à écrire sous le coup « d’une double postulation simultanée », l’œuvre étant à la fois composée pour et contre les lecteurs. Il ne s’agit pas pour l’écrivain de choisir le groupe social pour lequel il écrit [...]. Certaines, très violentes, suscitent des prises de position catégoriques, la Révolution, par exemple, ou les guerres, qui déclenchent aussi bien les pro­testations que les appels à la résistance. Et l’on en retrouvera avec insistance la marque dans les interventions françaises au Congrès des écrivains pour la défense de la culture à Paris en 19352. Cela fait partie des armes, puisqu'il est toujours question d’écrire « d’une plume de fer sur un papier d’acier » (Ronsard, Continuation du Discours des misères de ce temps-1562). Nous emploierons dorénavant les abréviations « CPA, trad. S’engager, c’est témoigner, prendre position, dénon­cer. WebQu'est-ce que la littérature engagée ? WebAlbert Camus, né le 7 novembre 1913 à Mondovi (aujourd’hui Dréan), en Algérie, et mort accidentellement le 4 janvier 1960 à Villeblevin, est un écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français.Il est aussi journaliste militant engagé dans la Résistance française et proche des courants libertaires dans les combats moraux de … Retrouvez + de 100 000 citations avec les meilleures phrases non-engagement, les plus grandes maximes non-engagement, les plus belles pensées non-engagement provenant … L’auteur y suggérait que la démocratie libérale pourrait bien constituer « la forme finale de tout gouvernement humain » et, donc, en ce sens, la « fin de l’Histoire » (Fukuyama F., La Fin de l’Histoire et le dernier homme, trad. Privilégiant l’esthétique réaliste et le témoignage, tout en promouvant une écriture de la « simplicité », ces auteurs n’ont cessé de manifester un souci très vif de leur lecteur. 6Le second nœud gordien de l’engagement littéraire, on l’a vu, est celui de sa situation historique. 15Il va de soi que ces dernières remarques mènent sans doute au-delà du sujet du présent colloque, et qu’il n’y a peut-être pas lieu de dramatiser l’engagement du critique sur ce mode. Ce que Barthes précisera dès le début du Degré zéro de l'écriture : l’écriture est donc essentiellement la morale de la forme, c’est à dire le choix de l’aire sociale au sein de laquelle l’écrivain décide de situer la Nature de son langage. 14 Rappelons que Sartre non seulement appelait, avec d’autres auteurs, à la reconnaissance de l’appartenance plénière des textes d’idées à la littérature, mais qu’en plus il invitait l’écrivain engagé à investir de nouveaux territoires tels que le reportage, le journalisme radiophonique et le cinéma (Sartre J.-P., Qu’est-ce que la littérature ? Car si la notion d’engagement telle qu’elle a été théorisée par Jean-Paul Sartre en 1945 connaît très vite un large écho dans la péninsule, la figure de l’intellectuel engagé italien inspire tout particulièrement ses homologues français : l’écrivain sicilien Elio Vittorini devient notamment un modèle de référence pour ces intellectuels communistes – Edgar Morin, Dionys Mascolo, Robert Antelme, Marguerite Duras et autres membres du groupe dit « de la rue Saint-Benoît » – qui cherchent à préserver une part d’autonomie et de liberté à l’égard des consignes particulièrement coercitives du parti communiste français (PCF) dans le domaine littéraire et culturel. » (p. 57) En d’autres termes, à tout moment, le lecteur est libre de refuser la proposition esthétique qui lui est faite et de refermer le livre. 2. We and our partners use cookies to Store and/or access information on a device. ), Formes de l’engagement littéraire (xve-xxe siècles), Lausanne, Antipodes, coll. Le philosophe et écrivain Jean-Paul Sartre (1905-1980) propose, dans un essai qui restera célèbre, une argumentation précise en faveur de la littérature engagée. Ensuite, on l'a vu, cette relation au public est toujours, à quelque degré, politique ou politisée, déplaçant parfois le champ de l’engagement de la prise de position au choix de son destinataire et du sort qu’on lui réserve : inclus ou exclus, élu ou adversaire, le destinataire de l’engagement finit presque toujours par incarner métonymiquement le combat de l’auteur. Quels sont les moyens, les modalités, les spécificités de ce « faire » ? De cette instrumentalisation supposée découle une critique souvent adressée à la littérature engagée : celle-ci proposerait, ou plutôt imposerait au lecteur, un contenu idéologique, politique ou moral unique et incontestable. On ne s’étonnera donc pas que Sartre ait placé le lecteur au cœur du dispositif de la littérature engagée, allant jusqu’à reprendre la question de l’enquête de Commune comme titre de la troisième partie de son essai. Littérature engagée : Un ancrage si fragile La question de l’engagement en littérature est assez complexe en soi. An example of data being processed may be a unique identifier stored in a cookie. « Folio », 1999. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’installation de l’ordre nazi a provoqué la résistance de certains écrivains, malgré les risques (torture, exécutions). Depuis l’Antiquité et la convocation de la polis, c’est peut-être le théâtre qui constitue le genre privilégié de l’engagement. Nous renvoyons, pour l’examen de cette question à Asor Rosa A., « La storia del "romanzo italiano" ? Idéal-type sartrien restreint : Engagement littéraire = engagement marxiste (version caricaturale de l’engagement, dont il faut se méfier). Idéal-type sartrien étendu : “Littérature engagée” (“Qu’est-ce que la littérature ?”). 9De toute évidence, on le voit, la liberté que Sartre accorde au lecteur ne va jamais jusqu’à lui reconnaître la liberté d’interpréter les textes ou de faire légitimement entendre autre chose que ce que l’auteur a voulu y mettre : comme création dirigée, la lecture consiste pour l’essentiel rejoindre l’intention de l’auteur et à l’accepter comme finalité de l’œuvre. C - 13013 Marseille FranceVous pouvez également nous indiquer à l'aide du formulaire suivant les coordonnées de votre institution ou de votre bibliothèque afin que nous les contactions pour leur suggérer l’achat de ce livre. L’auteur remercie, outre le directeur de thèse, les membres du jury (Anne-Rachel Hermetet, Edoardo Costadura, Benoît Denis et Dominique Viart) pour leurs conseils lors de la soutenance. Québec français. Dorénavant, nous renverrons à cet ouvrage par l’abréviation « P ». cit., p. 84. Mais prendre parti, c’est déjà agir. In Poulin, I., & Roger, J. 1En guise d’introduction, et pour tenter d’expliquer la démarche un peu contournée qui va être la mienne ici, je voudrais indiquer d’emblée que mon propos se trouve dans un double décalage par rapport à la tonalité générale de la plupart des interventions ici rassemblées. OpenEdition est un portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales. 13La perspective comparatiste permet en outre de saisir, avec sans doute plus de recul et de précision à la fois que ne le ferait une étude sur une littérature nationale, française ou italienne, les enjeux et les ambiguïtés de l’engagement littéraire : l’analyse des correspondances, mais plus sûrement des écarts entre l’engagement français et l’engagement italien est ainsi révélatrice des pierres d’achoppement, voire des apories de la notion.
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